dimanche 8 juillet 2007

Vendredi 6 juillet : la journée soins palliatifs

Le vendredi est ma journée consacrée aux soins palliatifs, au sein de l'unité de l'hôpital gériatriques des Charpennes. Nous sommes en train de préparer une exposition photos sur ce thème et c'est Christelle Viviant, photographe renommée de Lyon qui réalise les prises de vues (dont celle-ci).
"Pourquoi fais-tu cela ? Quel plaisir d’aller voir des gens mourir ? Comment peux-tu faire ça ? Moi, je ne pourrais jamais…." Ces questions et remarques, nous, bénévoles d’accompagnement, nous les avons tous entendues… Un soir, au cours d’un dîner entre amis, l’un deux me lance, « mais qu’as-tu donc à te faire pardonner pour faire ça ? »
Je suis resté sans voix…. Puis sa question m’a fait réfléchir. Faut-il obligatoirement avoir quelque chose à se faire pardonner pour aider les autres ? N’est-il pas possible de donner sans attendre en retour, de manière totalement désintéressée, inconditionnelle ?
La mort dérange tellement que c’est presque devenu obscène d’en parler ouvertement. Or, apprendre la mort, c’est apprendre la vie. Être au clair avec la mort, avec sa mort, c’est faire un grand pas dans sa vie. C’est être capable d’accepter sa propre finitude. C’est aussi un extraordinaire moyen de jouir de sa vie, de s’en approprier chaque parcelle et de déguster l’instant présent avec délectation et bonheur.
Quelle que soit sa croyance vis-à-vis de la mort, la penser régulièrement revient à donner du goût à la vie. Ainsi chaque nuance devient plus lumineuse, chaque note plus cristalline et chaque sensation plus subtile, plus douce. De fait, la vie gagne en saveur, se pare de plus de fragrances, brille de plus de couleurs.
Contrairement à ce que l’on s’imagine, une unité de soins palliatifs est pleine de vie. L’esprit palliatif s’inscrit pleinement dans la vie. Il considère la mort comme une étape normale et naturelle de la vie, qu’il convient de respecter sans chercher ni à l’accélérer ni à la repousser. Après un départ, l’aide apportée aux familles et aux proches continue, car le lien avec les vivants ne s’arrête jamais. Ce type de bénévolat, ce don de soi inconditionnel est l’un des plus riches et intenses que je connaisse.
J’espère que progressivement un plus grand nombre de personnes comprendront le sens de cette démarche et saisiront l’immensité de ce que nous recevons en retour à chaque accompagnement. J’espère aussi que de nouvelles questions surgiront, différentes, plus intimes, plus humaines et que de nouvelle vocations de bénévoles naîtrons, notamment au niveau des jeunes. Osez affronter la mort, la sienne et celle des autres reste à mes yeux une expérience unique, qui permet de prendre totalement la mesure de la préciosité de la vie.

Aucun commentaire: